TRIBUNE – Le philosophe, qui occupe une place éminente dans le paysage intellectuel français, exprime sa très vive réprobation devant l’attitude de l’exécutif sur l’affaire de la «jauge» dans les églises et en dégage les enseignements.
Disciple de Raymond Aron, dont il fut l’assistant au Collège de France, directeur d’études honoraire à l’École des hautes études en sciences sociales, Pierre Manent s’est en particulier consacré à l’étude des formes politiques – tribu, cité, empire, nation – et à l’histoire politique, intellectuelle et religieuse de l’Occident. Plusieurs de ses ouvrages, tels Histoire intellectuelle du libéralisme et Les Métamorphoses de la cité, sont des classiques.
La scène de comédie, fort peu amusante, qui vient de se dérouler à propos de la réouverture des cultes, est révélatrice du triste état de notre vie publique.
Le gouvernement avait proposé une «jauge» évidemment impraticable, et si ridicule qu’elle était une insulte à l’égard de ceux qui étaient supposés s’y plier. Le président, qui l’avait, à la surprise générale, reprise dans son intervention du 24 novembre, fit savoir le soir même au président de la Conférence des évêques de France qu’elle serait revue et qu’une nouvelle jauge plus réaliste…